samedi 20 septembre 2008

Fièvre / Horečka

Il parait que lorsqu'on a de la fièvre, on est plus intelligent, plus lucide, grâce aux hormones que produit notre corps pour lutter contre la maladie. Il parait aussi que du fait de la chaleur interne anormale, notre perception est différente, elle se situe à la limite de la perception humaine et de la perception autre.

Je suis monté dans le tram ce matin, tout flappy, les yeux rouges, boursouflés et brillant, espérant que je serais moins malade que hier. Il y avait une fille en tailleur et je l’ai dépassé pour pouvoir trouver un siège et m’affaler dessus. Une fois affalé, j’ai regardé la fille en tailleur avec une montre chicos et des cheveux châtains bien attachés, et là, oh mon dieu qu’est-ce qu’elle était belle ! Une peau aussi pâle que la mienne en ce jour de fièvre, une bouche délicate et des grands yeux verts avec le bord de l’iris légèrement marron.

Belle.

Il fallait que je la regarde. J’ai donc fait mine de lire tout en louchant au dessus de mon livre. La fille observait avec attention les gens autour d’elle dans le wagon, zieutant de droite à gauche.

Curieuse.

A un moment, le tram s’est arrêté et elle a fixé un point dehors, elle a même plissé le front. Machinalement j’ai regardé moi aussi dehors à ma gauche mais il n’y avait rien à voir à part un magasin miteux et quelques bottes défraichies en vitrine, vu son allure clinquante ça m’aurait étonné qu’elle regarde ça.

Intriguée par des choses qui paraissent banales au autres.

Comme je la regardais nos regard on fini par se croiser, j’ai -essayé- de sourire, elle aurait pu détourner la tête mais non, elle ne ma pas sourit mais j’ai senti de la chaleur dans son regard, c’était très agréable. En fait, j’ai eu l’impression qu’elle touchait mon âme, je n’ai pas ressenti de désir mais plutôt l’envie de devenir quelqu’un de meilleur, juste pour elle.J’ai éprouvé beaucoup de sympathie à son encontre.

Ensuite je me suis rendue compte que malgré qu’il ne fasse que 3°C dehors elle était juste vêtue d’un tailleur. Elle n’avait pas froid ? Elle avait un petit sac, un téléphone portable moderne (plus que le mien) et portait une bouteille d’eau en plastique dans la main. Cette bouteille d’eau n’allait pas avec le reste, ça n’allait pas avec son allure, pourquoi ne la mettait elle pas dans son sac ? Elle avait peur de se dessécher de si bon matin et par ce froid ?

Puis le tram s’est arrêté et elle est sortie presque en flottant avec des pas gracieux et légers comme ceux d’un écureuil. Je l’ai regardé s’éloigner derrière le stade du FC Victoria Žižkov.

Je n’ai pas compris tout de suite. Et puis quelques temps après, j’ai fait le rapprochement : la démarche gracile, la bouteille d’eau, la beauté, le regard qui sonde l’âme, cette observation attentive des gens du tram, l’allure, l’effet produit sur moi.

Je venais de rencontrer un vampire.

lundi 15 septembre 2008

Le mystère de la cuvette

Très souvent à l’internat, après nous être levés, on découvrait une grosse merde dans les toilettes. Le truc, c’est qu’il n’y avait pas de papier ni rien avec, juste un gros colombin qui flottait. Alors on se disait : « putain le gars il est venu là, s’est assis, a posé sa crotte et puis voilà. Il est parti sans même s’essuyer ni tirer la chasse. A l’aise le mec. »

Le truc c’est que chacun à fait cette malencontreuse découverte séparément –normal c’est les toilettes- donc au début chacun pensait que c’était un évènement isolé. Peu de temps après, les gens ont commencé à parler, je ne sais pas comment c’est arrivé mais sans doute quelqu’un aura lancé dans la salle d’étude ou dans la salle de bain « la vache les gars ce matin j’ai vu cake énorme dans les chiottes ! » et là « ah ouai ! moi aussi y’avait un bronze qui flottait quand j’y suis allé à 8h y’a 2 jours ! ».

Donc là on a commencé à chercher qui c’était, à communiquer entre nous, mais caca-man ( c’est comme ça qu’on avait décidé de l’appeler) brouillait les pistes : c’était pas tout les jours et pas à heure fixe. On trouvait une taupe dans la cuvette au moment où on s’y attendait le moins. Puis la paranoïa s’est installée, ne trouvant pas le coupable on a commencé à tous se suspecter, à vérifier qui faisait quoi et à quel moment. Chacun essayant de se justifier en disant à qui voulait l’entendre qu’il s’essuyait le cul lui, et qu’il trouvait ça dégueu de ne pas tirer la chasse. En plus, des fois, dégoutés de notre trouvaille le matin, on changeait simplement de toilette sans tirer la chasse et en maudissant le crotteur fou (c’est aussi comme ça qu’on l’appelait) donc il était possible de retomber plusieurs fois dans la journée sur la même merde en croyant que caca-man avait récidivé et qu’il frappait maintenant en plein après-midi au grand jour alors que l’internat était pourtant fermé.

Comme pour Jack l’éventreur, on a eu un suspect, quelqu’un à l’hygiène douteuse qui correspondait parfaitement au profil du crotteur fou, mais on a jamais eu de preuve directe et on ne l’a jamais pris sur le fait.

Chaque étron faisait pourtant l’objet d’une étude approfondie, on recoupait les emplois du temps et on demandait si quelqu’un avait aperçu une silhouette sombre sortir hâtivement des toilettes. Il nous est même arrivé de tomber nez à nez avec un sous-marin le lundi matin. Déconcertant.

L’affaire s’est doucement tassée, les bouses étant toujours au rendez-vous mais plus personne ne s’en étonnait. On en a conclu que c’était certainement le CPE qui posait des renards de temps en temps et qui ne tirait pas la chasse juste pour nous faire chier.

Le CPE n’aimait pas trop les adolescents.